Un développement social aux arômes d’exclusion

par Christine Lafrance, adjointe à la coordination

Le développement social repose sur plusieurs éléments, éléments qui font d’ailleurs partie intégrante d’un milieu de vie; on y retrouve notamment l’habitation, la sécurité, le transport, les relations entre les citoyens et la vie démocratique pour n’en nommer que quelques-uns. Bref, le développement social est un ensemble de processus auxquels contribue une variété d’acteurs et de citoyens qui vise l’amélioration des conditions de vie de tous et de toutes. Quand vous venez nous parler de mixité sociale, comprenez que c’est bien plus qu’un concept, c’est l’implantation dans le monde réel, grâce en partie aux processus de développement social, de mesures permettant à tous les citoyens d’avoir accès aux éléments mentionnés précédemment qui rendent un milieu de vie adéquat.

Quand vous nous assurez que ce projet correspond aux besoins des citoyens et que vous souhaitez entendre “l’ensemble des acteurs et citoyens concernés”, je crois que c’est davantage de la poudre aux yeux, que la manifestation d’un élan démocratique. La réalité si on cherche à atteindre une vraie mixité sociale, Pont-Viau a besoin de logements sociaux et familiaux, de coopératives, d’OSBL, pas d’une douzaine de tours à condos dans les nuages qui ne seront abordables, si jamais elles le sont, que pour un court laps de temps puisque l’embourgeoisement (ou la gentrification) ne tardera pas à expulser de cet éden toutes formes de marginalité.

Quand on pense à Pont-Viau, comment ne pas penser à ses citoyens? Déjà qu’il est pratiquement impossible pour les familles à revenus modestes de se trouver un logement, imaginez lorsque l’utopie urbaine sera réalisée! Que deviendront nos organismes communautaires du quartier Pont-Viau une fois vidé de sa population? Avez-vous vraiment pris le temps d’écouter? Pas simplement entendre, je veux dire écouter pour comprendre? Avez-vous réellement gardé en tête l’inclusion, l’entraide et la collaboration lorsque vous faisiez vos belles petites maquettes d’un Laval qui, si il est bel et bien paradisiaque, il ne l’est que pour une seule partie de la population?

Étant, moi-même, citoyenne de Pont-Viau et travaillant dans un organisme communautaire depuis près de dix ans, je peux vous dire que Pont-Viau est un quartier défavorisé qui compte également une population de citoyens vulnérables (itinérants, immigrants, familles à faible revenu, etc.). Que comptiez-vous faire pour que Pont-Viau leur devienne réellement favorable?